lunes, septiembre 28, 2015

Ritmo

En esta pequeña ciudad, tan encantadora, donde vivo, el ritmo de la vida es apacible.  En las mañanas, el sol ilumina más de lo que calienta y se siente tibio sobre la piel. El vendedor de frutas de la esquina y su familia, se preparan para vender vasos de plástico transparente llenos de frutas picadas en julianas, que doblan en altura al vaso, por mil setecientos pesos y empacado, para llevar, en una bolsa desechable amarilla con agarraderas, servilleta y un palillo de dientes para atraparlas.  Los carros avanzan  a diez kilómetros por hora, reflejando la luz del sol, con pasajeros que miran desde las ventanas, con el pelo mojado, a los transeúntes que empiezan su día caminando en silencio. Las chicharras se esconden en los árboles más frondosos y floridos para ofrecernos un coro en alguna nota musical que me encantaría saber descifrar, invisibles, afinadas, puntuales y sobre todo persistentes, nos cantan durante horas; qué afortunados.  Los andenes dejan resbalar el agua con burbujas de los vendedores más juiciosas, esos que antes de abrir su negocio lo  preparan para el cliente: balde, escoba, trapeador en mano, que no queden hojas, pisadas, regueros, sobras, tierra, ni una puma en la antesala. Las arepas y los plátanos que reposan sobre los asadores al carbón dispuestos en las entradas de las oficinas, perfuman los suspiros de los que buscan un café, alientan los desayunos de finca, de guayabo y de domingo,  haciéndonos salibar aunque sea lunes. Los perros van al colegio, sí, al colegio y en transporte a domicilio, es decir busetas adaptadas, sin sillas traseras, con adhesivos en las puertas que  exiben fotos de los más enternecedores, agarraderas al interior para atar las correas y vidrios transparentes detrás de los cuales la miran a una con cara de en unos minutos voy a estar corriendo en la montaña durante horas mientras tú trabajas en esa oficina sombría y tomas café, qué ansioso estoy.

En este lugar, las personas caminan despacio, rara vez con afán, nunca corren, ocupan el centro del andén,  se toman de la mano, arrastran un poco el paso.  Aquí todavía se dice buenos días al tendero, buenas tardes al mazamorrero y buenas noches al vigilante, sin excepción. Se refieren al otro como Vecino(a), Sumercé, Amigo(a), Parcero(a), Compadre o Compa y hasta Muñeco(a) o Amor.  Incluso, al taxista se le agradece con un muy amable, muchas gracias, que tenga un felíz día. Aquí, no se  empuja con los hombros, bolsos o codos, nadie corre encorbatado para alcanzar el bus ni llega puntual a las citas. Con el paso de los meses he entendido que la estrategia  para llegar al mismo tiempo que la persona que me citó, es salir hacia el lugar donde debo estar a la hora misma a la que debo llegar, de lo contrario esperaré entre media hora y hora y media.

El manejo del tiempo depende de la voluntad de ambos, del calor que aumenta, de la lluvia amazónica compartida, de la buena memoria o de la mala agenda y de vez en cuando de los dioses. Este ritmo se parece al del Desayuno de Manet, medio desacelerado pero todavía activo, con las frutas regadas y no importa, con las sombras de los  árboles dibujando siluetas en el piso, con sombreros adornados con telas coloridas, con montañas azúles en el horizonte e individuos coexistiendo, un poco entregados a su suerte, viendo las horas pasar, improvisando la cena, el paseo, los días,  disfrutando de su libertad a pesar de lo que se les ofrece, eso sí, vestidos. 


Vivir al ritmo de una ciudad pequeña del tercer mundo (ahora dicen de un país en vía de desarrollo) me resulta supremamente cómodo, encantador, picante, burbujeante y mucho más propicio para el bienestar de mi cabeza y de mi cuerpo que el de las espectaculares urbes con brillantina. Tengo la sensación de que tener flores todo el año, caminar al trabajo, alimentarme de frutas y tomar buen café son jugosos atajos  a la idea: a menos peso, más libertad.   

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Fr.

Le Rythme

Dans cette petite ville, si charmante, où j’habite, le rythme de la vie est paisible… Le matin, le soleil illumine plus que ce qu’il réchauffe et on le sent tiède sur la peau. Le vendeur des fruits du coin et sa famille, se préparent pour vendre des gobelets en plastique transparents remplis de fruits coupés en juliennes, qui doublent la hauteur du gobelet. Ils coûtent mil sept cents pesos, il est emballé dans un sac plastique jaune à poignées avec une serviette en papier et un cure-dent pour attraper les fruits. Les voitures avancent à dix kilomètres l’heure en reflétant la lumière du soleil, avec des passagers qui regardent par les fenêtres - avec les cheveux mouillés - aux passants qui commencent la journée en marchant en silence. Les cigales se cachent dans les arbres les plus touffus et fleuris pour nous offrir un chorus dans une note de musique que j’aimerais bien savoir déchiffrer, invisibles, accordées, précises, elles chantent pour nous pendant des heures ; quelle chance. Les trottoirs laissent glisser l’eau mélangée aux pompes de savon, que les vendeurs plus appliqués utilisent pour nettoyer l’entrée des  magasins avant l'heure de l’ouverture. Ils les préparent pour le client : un seau, une serpillière et un balai à la main, il ne faut pas laisser des feuilles, des traces, des flots, des restes, de la terre, même pas une plume dans l’antichambre. Les arepas* et les bananes plantains qui reposent sur des grills au charbon de bois, placés en face des entrées des bâtiments, parfument les soupirs de ceux qui cherchent un café, encouragent les petits (très gros) déjeuners traditionnels des maisons de campagne, de gaule de bois et de dimanche, nous faisant saliver, même si c’est lundi. Les chiens vont à l’école, oui, à l’école, et ils partent dans une espèce de mini bus scolaire, c’est-à-dire des mini bus adaptés qui n’ont pas des sièges à l’arrière, avec des autocollants sur les portes qui montrent des photos de ceux qui sont les plus attendrissants, avec des poignées à l’intérieur pour attacher les laisses et de vitres transparentes derrière lesquelles ils me regardent avec une tête de: dans quelques instants, je vais courir en montagne pendant des heures pendant que toi, tu vas travailler dans ton bureau sombre et tu vas boire du café, je suis impatient !.

Dans cet endroit, les gens marchent lentement, ils sont rarement pressés, ils ne courent jamais, ils prennent toute la place sur le trottoir, ils se tiennent par la main, ils   ne sous-lèvent pas beaucoup les pieds. Ici, on dit encore bonjour aux petits commerçants, bonne après-midi  au mazamorrero** et bon soir aux gardiens de sécurité, sans exceptions. On dit Vecino(a) [Voisin(e)], Sumercé, Amigo, Parcero, Compadre ou Compa, et même Muñeco(a) [Poupée] ou Amor. On remercie même au chauffeur de taxi en disant vous êtes très gentil, merci beaucoup, bonne journée à vous. Ici, on ne bouscule pas les piétons avec les épaules, les sacs à main où les coudes, personne ne court en costard cravate pour choper le bus et personne n’arrive à l’heure aux rendez-vous. Quelques mois sont passés et je comprends maintenant que la stratégie pour arriver au même temps au rendez-vous que l’autre personne, je dois partir vers l’endroit accordé à l’heure même du rendez-vous, sinon je devrai attendre entre une demi-heure et une heure et demi.     

La gestion du temps ici dépend de la volonté des gens, de la chaleur qui augmente, de la pluie amazonienne partagée, d'une bonne mémoire ou d'une mauvais agenda, et, de temps en temps, des dieux. Vivre au rythme d’une petite ville du tiers-monde (on dit maintenant pays en voie de développement) est, pour moi, vraiment très confortable, charmant, piquant, pétillant et beaucoup plus adéquat pour le bien-être de ma tête que celui des spectaculaires grandes villes avec des paillettes. Vivre au rythme d’une petite ville du tiers-monde (on dit maintenant pays en voie de développement) est, pour moi, vraiment très confortable, charmant, piquant, pétillant et beaucoup plus adéquat pour le bien-être de ma tête que celui des spectaculaires grandes villes avec des paillettes. J’ai l’impression qu'avoir des fleurs toute l’année, marcher au travail, manger des fruits et boire du bon café sont des juteux raccourcis à l’idée : moins de poids, plus de liberté.

*Arepas : galettes de maïs moulu, qui font partie de la gastronomie traditionnelle de la Colombie, le Panama et le Venezuela.
**Mazamerro : vendeur de mazamorra. Mazamorra : plat populaire à base de maïs cuit, mangé dans plusieurs pays d’Amérique latine et d’Espagne, considéré un héritage des  traditions culinaires des indigènes précolombiens. 

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